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Quel aller retour entre théorie et pratique



« Facile à dire, pas facile à faire pour autant ! » Voilà ce qui vient d’emblée à l’esprit lorsque l’on se pose la question du lien entre théorie et pratique. « Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ! ». Entre praticiens pris en défaut par rapport à leurs propres modèles et théoriciens en décalage fréquent avec leurs scénarios pédagogiques, parfois pas de distinction. Tous se retrouvent sur les bancs… accusés, de n’avoir pas fait ce qu’ils voulaient, compte tenu des forces en présence.

Pédagogie ascendante, qui fait remonter des préoccupations réelles des apprenants vers la théorie ou pédagogie descendante, qui part de la théorie pour rencontrer les situations –parfois hypothétiques- de terrain. Pédagogie de la situation-problème qui plonge dans le bain en vous invitant à solliciter les référents, à la mesure et dans l’ordre des difficultés qui se présentent, ou pédagogie qui segmente en une progression savamment dosée et logique, les apprentissages successifs conduisant vers l’acquisition de compétences globales complexes. Méthode globale ou méthodes synthétiques. Les écoles ne manquent pas, qui proposent chacune leurs axiome.
Un petit détour par l’histoire de la pédagogie rappellera d’ailleurs à qui le voudra que la valse des réformes pédagogiques jusqu’à nos jours –et l’on ne voit pas pourquoi cela changerait demain- est un perpétuel mouvement de va-et-vient entre des principes, parfois contradictoires, tous aussi bien-fondés les uns que les autres, mais souvent piégés par une mise en œuvre unilatérale qui les invalide. Mais dira-t-on, cela illustre simplement que les théories peuvent s’opposer.

Or, ce que l’on constate en formation va plus loin que ce premier constat. C’est souvent entre théorie et mise en pratique que se trouve le fossé à combler, quelle que soit la théorie, en fait. La pratique mettant, comme le dit la maxime, le maçon au pied du mur. C’est là que s’éprouvent les beaux discours. C’est là que l’on apprécie le vrai savoir-faire. Car il n’est pas souvent de théorie qu’il ne faille adapter. Dans ce domaine, le prêt-à-porter n’a pas sa place. Seul l’artisan est en mesure de faire les preuves d’un véritable… art.

Mystère de la pratique de terrain

En formation, à l’école ou sur le terrain du recyclage des adultes, c’est souvent ce qui se passe. Il y a les beaux programmes, les belles préparations, et puis l’adaptation à la situation de terrain. Pourquoi tel animateur, tel prof, tout nouvellement diplômés et sortis brillamment de leurs études commencent-t-ils par essuyer péniblement les plâtres ? Pourquoi telle préparation qui a bien donné dans tel groupe se plante-t-elle lamentablement quand on la propose dans tel autre groupe ? Pourquoi cette manière d’aborder tel contenu, telle pratique correspond-t-elle parfaitement à la sensibilité des uns et laisse-t-elle les autres indifférents, quand elle ne les met pas en complète indisposition ? Mystère de la pratique de terrain qui demande que la théorie, si solide et fondée soit-elle, rencontre le caractère concret des personnes pour qui elle a été imaginée, et par qui aussi elle va être enseignée.

En création multimédia aussi

En formation multimédia, on est souvent amené à faire ces constats. Voyons cela de plus près. En théorie, les adultes qui viennent en formation, se devraient d’être demandeurs de ce programme auquel ils participent. Or certains sont là, envoyés par un supérieur, en vue de réaliser par la suite, des tâches qu’ils n’ont pas choisies mais auxquelles la formation est sensée les préparer. La joie ! D’autres sont là pour échapper à des tâches qu’ils jugent plus ingrates, moins valorisantes… Motivation à tout le moins ambiguë. Si le programme est bien prévu pour introduire de nouvelles perspectives dans les pratiques pédagogiques, certains sont d’abord là par intérêt personnel, pas du tout demandeur d’implication professionnelle.
Autre volet à négocier dès l’ouverture d’un programme en multimédia : la dimension technologique. Les hommes d’abord. Ainsi quand le programme est annoncé « d’initiation », il arrive que le groupe des participant compte aussi en son sein des gens qui ont déjà fait un site internet en autodidacte et qui viennent « pour voir si jamais ». Bonjour les différences de niveaux, de questionnement et de patience entre les participants. Les machines ensuite. La salle de formation est annoncée avec telle configuration… mais on n’a pas prévu de vous informer de telle ou telle particularité du genre : « Il y a un écran qui ne va plus, mais on ne sait pas pourquoi… d’ailleurs si vous pouviez profiter pour y regarder, ce serait bien gentil !  Et puis, l’imprimante, elle n’est plus accessible de cette machine-ci, … c’est bizarre ». Parfois même on vous signalera gentiment qu’une machine n’est plus utilisable parce qu’un mot de passe a été placé dessus… et que plus personne ne s’en souvient ! (sic). Ah…, à propos de mots de passe oubliés, on en raconterait, dignes de figurer dans le bêtiser de l’informatique. Du genre : « Le mot de passe ? Oh, je l’ai sur le bout de la langue. Une heure après… ah oui, c’est secret ». Oui, et alors ? Le mot de passe est « secret »… vous avez compris : « secret, quoi ! … c’est ça le mot à encoder ! »  (re-sic, mais on ne vous dira pas où) J. Et donc, le formateur fait face à tout avec le sourire J.

Adaptation, vous dis-je

Mais le programme doit aussi s’adapter au formateur ! Reconnaissons-le en toute humilité, la première fois qu’un programme est donné, on est persuadé que l’on a fait tout ce qu’il fallait pour que la formation se passe au mieux. Et l’on ne s’est pas trompé, si ce n’est que l’on retrouve dans les évaluations, la mention « peut mieux faire encore ». Il vous faut alors remettre l’ouvrage sur le métier. Ne pas croire que les choses sont évidentes et définitives. Oser déconstruire et reconstruire son programme. Une fois. Dix fois. Cent fois. Car l’amélioration est encore possible. Et parce que l’adaptation est nécessaire à un terrain d’application toujours changeant. Contenu, contenant, contexte d’application : tout est mouvant. Et dans le domaine du multimédia, c’est une constante. Les systèmes informatiques changent., les versions des logiciels s’enchaînent rapidement, les modes et les pratiques communicationnelles se renouvellent et vos savoir-faire doivent évoluer. Et le formateur que vous êtes s’adapte. A nouveau.

Hic et nunc

L’enseignement, la formation, dit-on, cela tient jeune ! C’est peut-être là une des clés de cette jouvence : le perpétuel retour sur sa pratique. Car la théorie étant peut-être un peu moins mouvante, c’est la pratique qui nous attend chaque matin, au saut du lit, avec son lot de questions. Que faudra-t-il faire aujourd’hui pour que tel principe soit mis en œuvre par son groupe d’apprenants ? En théorie, mon « cours est prêt » répondront l’enseignant et  le formateur. Mais ils savent chacun, qu’une fois poussée la porte du local, c’est à ce moment que tout se mettra seulement véritablement en place. Rétablissement nécessaire et préalable des priorités compte tenu du moment et des personnes, reconsidération de l’à propos de la méthodologie choisie, adaptation à sa propre capacité d’inférer à partir de qui-je-suis aujourd’hui. Tout ce qui fait qu’un programme, si bien conçu qu’il ait été, sera ce que l’on va pouvoir en faire au moment même. Et pas nécessairement comme il avait été planifié… en théorie.


Formation : Création de site

Sur les dix inscrits au programme, seuls sept sont venus. Le quorum n’est pas atteint, la formation devrait être annulée… mais les gens sont là. Parmi les dix, deux n’ont jamais mis les mains au clavier et un autre est déjà webmaster. Belle homogénéité de groupe. Il y a bien dix machines, mais on vous annonce qu’une première est en panne et qu’une seconde doit voir son système réinstallé… Le technicien est en congé aujourd’hui… on compte donc sur vos dons multiples. L Bien ! Le logiciel de création multimédia prévu est en version 3.0 sur huit machines. Les deux dernières, récemment achetées, bénéficient déjà de la version 3.05. Quelques différences à devoir gérer, certes J. Un jeu d’enfant pour le formateur compétent que vous êtes, non ? Attention, à 11 heures, les ouvriers qui ont ouvert le trottoir ont annoncé une coupure de courant. « Plus ou moins une heure », qu’ils ont dit. Gentil de prévenir ! Quoi d’autre, … le responsable du local (lequel est le seul à détenir la clé de SON local) aura du retard… grêve des trains ? C’est une blague, non ? Et puis quoi encore  ? L’inspection de la communauté française s’est annoncée ? Je ne suis pas à çà prêt, vous savez… mon horoscope m'avait d’ailleurs averti. Il disait : « La réalité d’aujourd’hui dépassera peut-être un peu la virtualité à laquelle vous êtes habitué. Gardez courage, vous faites un métier formidable ! »



 

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