Dans
la vie familiale comme dans la vie conjugale d’ailleurs, il y a de
saines distances à avoir, à garder, voire à réclamer, pour faire « son
» chemin et grandir… ensemble. C’est aussi vrai sur le Net.
Faut-il
« aller sur internet » avec ses enfants pour leur apprendre à y faire
leurs premiers pas ? La question peut sembler incongrue puisque, dans
beaucoup de familles, « ils ne nous ont pas attendus » ! Et pourtant,
c’est sans doute une manière de faire qui serait très enrichissante. En
effet, nos jeunes ont sans aucun doute des choses à nous apprendre
(est-ce eux, désormais, qui nous aideraient à faire nos premiers pas ?
Eh bien… oui !). Mais il nous appartient toujours de recadrer la nature
de l’expérience en train de se vivre sur la toile dans une vision plus
large de l’éducation et du choix des valeurs de vie… Et là, sans tomber
pour autant dans le paternalisme de mauvaise aloi, notre expérience
d’adultes nous donne une expertise bien utile à notre jeunesse en
demande de repères.
D’ autant que si nos ados ne nous ont pas
attendus pour s’élancer sur les fils de la toile, ils y découvrent, eux
aussi, de nouveaux usages pour lesquels ils n’ont pas plus d’expérience
que les parents. Prenons Facebook, par exemple. Le phénomène est
récent. Jeunes et adultes ont découvert ce réseau social dès son
émergence, sans que personne ne puisse revendiquer une expérience
antérieure… puisque c’était tout nouveau. Il n’est donc pas impensable
que les balbutiements et les tâtonnements des débuts, dans de nouveaux
usages, soient l’occasion de conseils échangés en famille. Pour
Facebook, par exemple : Comment paramétrer son niveau de
confidentialité, quelle attitude adopter face à telle ou telle
sollicitation ? Qui accepter comme « amis » ? Autant de questions qui
pourraient s’amorcer par la question : « Tu fais comment toi ? ».
Pourtant,
récemment, un couple de jeunes parents de mes amis témoignaient que
s’ils avaient ainsi commencé leur aventure sur Facebook avec leurs deux
« grands » (15 et 13 ans), ils avaient été confrontés, il y a peu, à
quelque chose de pas évident à vivre : leur aîné les avait retirés de
sa liste d’amis. Plus moyen désormais de « suivre » leur fiston dans
ses ébats numériques en ligne. Black out sur son profil, ses photos
mises en ligne, la liste de ses amis… Dur, dur d’être parents à l’heure
du net !
Il ne semble pourtant pas que leur fils ait manifesté
de quelconques reproches sur le fait que ses parents étaient en mesure
de suivre ses actions, depuis leurs débuts communs sur Facebook… Mais
est arrivé tout naturellement (comme dans le reste de sa vie d’ado) le
besoin de prendre certaines nouvelles distances, dans la recherche bien
légitime d’une toujours plus grande autonomie. Phase d’adolescence
oblige (et non nécessairement « crise, … d’ailleurs»).
Les
parents ont dû se rendre à l’évidence que leur fils (et sans doute dans
peu de temps, leur fille) exprimait là l’envie d’être un peu plus
lui-même sans le contrôle permanent des aînés. Une période qui durera
sans doute un certain temps, avant que les circonstances de la vie le
remettent de nouveau en relation de proximité avec ses parents. Une
proximité réappropriée après cette nécessaire émancipation. Recherche
d’emploi, débuts de la vie professionnelle, démarrage d’une vie de
famille… Autant d’occasions de revenir vers ses parents, de les
réinscrire alors dans sa liste d’ « amis avoués »… Histoire alors de
leur partager sur Facebook les photos d’une maison en cours
d’aménagement quand ce n’est pas d’une acquisition immobilière clé sur
porte… Et puis les clichés attendrissants des petits-enfants…
Il
reviendra le temps où parents et enfants seront à nouveau amis dans
leur réseau social privilégié. Et cela ne dispensera pas les uns et les
autres, de garder malgré tout une certaine distance… Les paramétrages
de confidentialité sont d’ailleurs là pour identifier des sous-groupes
dans votre liste d’amis et pour décider ce que vous partagez…avec qui.