S’entendre sur les mots
L’attaque TIC du formateur upgradé
Utiliser des techniques en formation, apprendre à procéder avec méthode, se fabriquer des outils personnels de formation et recourir à des processus éprouvés, se former à l’apport des technologies, … Tout cela, n’est-ce pas chou vert et vert chou, à l’heure des TIC ?
Technique, technologie, procédé, processus, tactique, c’est du pareil au même, non ? Le formateur expérimenté se sert d’instruments de formation les plus divers pour arriver à ses fins, et basta. Pas juste ? Eh bien, non… car si on a inventé des mots différents, c’est bien pour définir des concepts qui le sont aussi ! En fait, une distinction permettra de faire un peu de clarté : celle entre méthodes et outils.
Parlant des outils, on évoquera les instruments, les procédés et les techniques. Du côté de la méthode, on retrouvera les processus et les technologies. Avec les premiers, on est en présence d’ingrédients, d’épices ou d’ustenciles. Avec les seconds, on est plutôt du côté de la recette, voire de l’art culinaire ou de la diététique.
Technique et procédé
Des instruments aux mains du formateur ? Citons d’abord le duo très commun : papier-crayon. Mais il y a aussi, bien sûr, le syllabus, la photo, le tableau (flipchart), le micro amplifié. En soi, l’outil n’est rien. C’est dans les mains de l’artisan créatif qu’il libère tout son potentiel d’expressivité. A moins qu’il ne soit le révélateur impartial d’une regrettable incompétence médiatique. Car la communication, et en formation, c’est du 100 %, c’est un mélange subtil de fond et de forme. En regard de notre thème de dossier, « Technologie et formation », c’est notamment dans le domaine de l’instrumentation que « l’upgrade du formateur » doit sérieusement s’envisager, car nous vivons la révolution permanente des outils. On pense ainsi inévitablement à des instruments qui deviennent incontournables pour le formateur : le diaporama informatique, la newsletter, la mailing-list, et pourquoi pas la visio-conférence. Et outre les machines, les techniques d’animation évoluent elles aussi, qui demandent que le formateur se recycle : communication non violente, interactive, PNL… « Rester à niveau » dans ce domaine très évolutif n’est pas une mince affaire. Le mot « recyclage » n’est pas indu, car il est non seulement question de s’adapter à l’évolution, mais aussi parfois de sacrifier (le faut-il toujours ?) des démarches qui fonctionnaient bien et opter pour ce que certains estimeront n’être que des modes. Que penser d’un formateur qui n’a pas son PowerPoint ? Imagine-t-on qu’il puisse encore distribuer des documents tapés à la machine à écrire ? Parler correctement dans un micro, n’est–ce pas l’abc du communicateur moderne ? Quid d’un centre de formation qui n’a pas son site internet, d’un formateur qui n’a pas d’adresse mail de contact ? Etre à la page… oui, pourvu qu’elle soit en HTML.
Le problème avec toutes ces nouveautés, c’est que si vous vous entêtez à ne pas y recourir, c’est finalement la crédibilité de votre contenu qui en est atteint. Qu’il vous manque la couleur, la stéréo et l’interactivité, et non seulement, vous passerez pour un ringard, mais votre discours perdra vraisemblablement en capacité de persuasion.
Lexique :
Le diaporama informatique,
Issu de la gamme des logiciels bureautiques, cette application permet de projeter, mais aussi d’imprimer sur papier, des écrans appelés également diapositives. L’agencement de ceux-ci est dynamique : passage à l’écran suivant, mais aussi bouton pour une circulation arborescente. Le dé »filement des écrans peut aussi être automatisé. Le contenu s’affiche sous forme de texte, photo et son. Des effets de transition sont également possibles en passant d’une diapositive à l’autre. C’est l’outil d’appoint pour les conférenciers qui tiennent à compléter leur discours d’un support visuel « up to date ».
La mailing-list
Technique associée à l’usage de la messagerie électronique, la mailing-list est la capacité d’envoyer, en une seule opération, un même message une série de destinataires. L’adresse à laquelle le courriel est envoyé est donc celle, collective, d’une liste constituée une fois pour toute et rangée dans le carnet d’adresses de façon nominative, laquelle reprenant l’ensemble de ceux à qui le courrier est destiné.
La newsletter
Partant du principe de la mailing-list, la newsletter est un envoi numérique collectif jouissant d’une certaine périodicité. Elle est généralement mise en forme au format « pdf» ou « html » de sorte que l’original transmis ne soit pas modifié par les récepteurs.
La visio-conférence
Technologie utilisant le réseau et la captation par caméra numérique pour communiquer en temps réel avec un autre endroit du globe. C’est un appui technologique intéressant pour l’enseignement à distance qui, non seulement, fournit ainsi un contenu dynamique à un public d’apprenant (le cours qu professeur qui est filmé), mais autorise aussi l’interpellation en temps réel entre les apprenants et le professeur.
Technologies et processus
Avec les processus et les technologies, maintenant, on évoque le cheminement, la succession d’étapes, l’étalement rationnel et logique d’une procédure pour atteindre un objectif. C’est une manière d’agir plus que l’utilisation d’outils, fussent-ils compliqués à manœuvrer. Une diététique ou un art culinaire, plus qu’une recette ou une liste d’ingrédients fussent-ils savamment mélangés en doses calculées au milligramme.
Le processus conçoit des étapes de réalisation nombreuses et agencées dans un ordre dont la logique augmentera les chances de succès. La technologie est une théorie générale s’appuyant sur une connaissance et un usage des techniques les plus appropriées au but que l’on recherche.
Prenons le domaine du graphisme, par exemple. Pour produire une réalisation à main levée, on peut recourir à un certain nombre de techniques. Le choix de l’instrument graphique oriente déjà la technique. On ne dessine pas de la même façon au crayon, au feutre, au fusain, à l’aquarelle, à l’acrylique. Mais même si toutes ces techniques paraissent complexes pour le néophyte, elles n’en demeurent pas moins des procédés stéréotypés que l’on peut faire exécuter semblablement par divers opérateurs, une fois le savoir-faire mis en place. Pas pour rien que dans le métier de l’animation, ce sont des dessinateurs et coloristes interchangeables qui travaillent aux milliers de planches qui entreront dans la réalisation finale : le dessin animé.
Quand on parle de technologie ou de processus, on est un cran au dessus. On part d’une contextualisation. Parmi plusieurs techniques et scénarios possibles, on retiendra celui qui devrait le mieux aboutir à l’objectif visé. La technique que l’on choisira viendra à la rescousse de la politique de communication retenue car elle en est un instrument-levier. Les considérations à prendre en compte ne sont pas seulement instrumentales, mais aussi structurelles ou stratégiques.
En formation d’animateurs d’OJ., la chose se vérifie aussi. En stage, on s’initie à des techniques. C’est d’ailleurs le B.A.BA de la certification des animateurs de sections. Prenons un exemple : on peut recourir à diverses techniques pour donner la parole dans un groupe, de sorte que chacun puisse s’exprimer et être écouté de tous. On peut mettre en place plusieurs procédés pour résoudre la question de la gestion du temps qui est toujours l’élément négligé dans la dynamique de projet d’un groupe. Ce sont des techniques que l’on a construites, sur base d’une expérince de terrain et qui, ayant fait leur preuve, sont entrées dans « la boîte à outils » d’un bon animateur. Mais on se rend compte que pour répondre à la situation-problème qui part du constat que les membres d’un groupe expriment des avis différents, et qu’il faut manoeuvrer pour prendre une décision qui soit respectueuse des uns et des autres, alors que les uns et les autres sont coincés dans un contentieux qui ne date pas d’hier, il n’est pas question de recourir ici à un « simple » procédé. Une série d’étapes devront être franchies pour aboutir vraisemblablement, au résultat escompté. Le savoir-faire à mettre en œuvre n’est pas uniquement d’ordre instrumental, il faudra lui ajouter des compétences qui constitueront toute une stratégie, un processus. La pratique de l’instrument s’inscrit alors dans une problématique. Il ne s’agit plus de simplement savoir faire ses gammes, ni non plus de connaître la partition, mais bien de l’interpréter en concert devant un public pas nécessaireement préparé, et qu’il faudra alors éveiller aux subtilités de l’art que vous lui proposez.
C’est un savoir-faire que l’on ne détient pas directement au sortir d’une formation, mais bien plus souvent au terme d’une longue praiqiue d’animation sur le terrain, au sein des sections. Un art qui se met en place progressivement, même si les bases peuvenet en être placées théoriquement au tout début d’un parcours de formation d’animateur.
A l’heure des technologies, les animateurs sont invités à renouveler leurs instruments, leurs techniques et leurs procédés de formation. Partant, ils seront à même de les incorporer dans des processus complexes. Quand on parle des technologies de la communication, ce n’est pas pour désigner le simple recours à des instruments modernes, mais bien pour dire que l’usage de ceux-ci permet des scénarios d’un nouveau genre : une véritable stratégie renouvelée laquelle permet de mieux réaliser ce que l’on entreprenait avant (sinon abandonnons-la) mais aussi vraisemblablement, de tenter, des choses que l’on ne pouvait pas faire avant.