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Identité numérique - le danger


  « Profiler » sur le net : jeu dangereux pour enfants sages



La notion d’identité renvoie à ce que l’individu a de plus intime, à ce qui lui permet d’être « quelqu’un ». Viendrait-il à perdre son identité, comme dans le cas dramatique d’actes de décès rédigés inconsidérément qu’il ne « serait » plus. Et sur le Net, est-on qui on est ? Vraiment ?



Les amateurs de séries télévisées l’auront remarqué, le phénomène Internet est de plus en plus présent dans les fictions proposées au petit écran. La série américaine « Profiler », par exemple, recourt à tout moment et d’une manière qui semble étrangement banale, à une vaste banque de données, version futuriste du web.
C’est John, le préposé à la consultation des archives mondiales. Un suspect est-il recherché ? John vous dira où il a passé son enfance, dans quel collège il a fait ses études, qui étaient les condisciples de sa promotion, si le suspect a payé récemment sa note de gaz ou s’il a pris de l’essence avec sa carte de crédit dans le mois écoulé. Que dire de la facilité de croiser les empreintes digitales avec les archives du service central d’appui policier ou de comparer l’état dentaire d’une victime avec le relevé central de tous les soins dentaires effectués ces derniers mois. La planète entière est fichée… John n’a qu’à demander !

Identité irréversible

Avez-vous déjà inscrit votre nom comme requête dans un moteur de recherche ? Au-delà de la bonne surprise de vous trouver des cousins en Suède, si vous faites de la généalogie, vous serez peut-être embarrassés de découvrir qu’une longue série de pages html mentionnent vos coordonnées… et que le recoupement de toutes celles-ci décrit peut-être un profil que vous ne souhaitiez pas voir aussi globalement diffusé. Que dirait votre futur employeur de ce CV improvisé ! ou la future belle-famille que vous envisagez de séduire. Une connaissance me confiait : « Récemment, j’ai eu une prise de bec avec quelqu’un, dans un forum. Je lui ai dit ses quatre vérités. Aujourd’hui, quand je mets mon nom dans Yahoo, c’est mon coup de gueule qui apparaît comme premier résultat ! Et je ne sais pas effacer mon intervention L ». C’est dire que l’identité sur Internet est une chose délicate.

Intrusion

Le premier danger est simplement lié à la transparence du système. La commission nationale française pour l’informatique et les libertés (cnil.fr) explique en détail sur son site, la somme des renseignements que vous communiquez à votre interlocuteur, sans nécessairement le savoir, à chaque téléchargement de page. C’est une première intrusion dont il faut être conscient. On vit sur Internet comme dans la rue… à tout instant exposé au regard des autres. Certes, il ne s’agit pas de fantasmer : pas de caméra de surveillance qui vous observerait en permanence, logée au fond de votre moniteur. Mais, un flux d’informations constant vers le monde global. Rappelez-vous le cas « Mélissa », ce virus qui a empoisonné le réseau, il y a quelques mois. Le pirate s’est fait pincer car il avait envoyé un message rédigé avec un logiciel qui code dans la masse de tout document, le numéro de licence de la version utilisée. Le revendeur a vérifié à qui elle avait été octroyée…  et le gars a été pris la main dans le sac.

Simple piste magnétique ?

Si la transparence est le premier danger, le caractère centralisé des infos numériques est le second. En effet, à partir du moment où vous acceptez de mentionner des renseignements personnels dans des formulaires… ce sont des champs de banques de données que vous alimentez qui n’ont aucune difficulté à être croisés avec d’autres, par la suite. La crainte est identique pour tout système d’informatisation … et pas uniquement le net : les données de votre carte de crédit, de votre carte magnétique de soins de santé (cartes sys), et d’autres éventuellement à venir, carte d’identité magnétique, carte de pointage comme allocataire social, carte d’acheteur en grande surface, cartes à puce de votre GSM… Oui vraiment, dans ce sens, si on n’y prend pas garde, John saura tenir son rôle au sein de la série « Profiler ».

Comédiante

Troisième danger : la facilité de manipuler. Si par prudence, vous pouvez recourir à l’usage d’un pseudonyme pour éviter de laisser votre empreinte partout identifiable, d’autres peuvent se servir du même artifice pour vous nuire. Qui est-il ce sympathique correspondant que vous n’avez jamais vu mais avec qui vous échangez depuis quelques mois, et qui vous demande maintenant un rendez-vous dans la vie réelle ou, à tout le moins, qui soutire de vos propos innocents, une masse d’informations vous concernant, dont il pourra ensuite faire l’usage qu’il souhaite. « Mais, direz-vous peut-être, il m’a envoyé sa photo, il m’a donné une adresse de site web où il s’exprime en long et en large sur ce qui fait sa vie… » Qui vous dit que cela n’est pas un rôle de composition ?

Jeu de rôle

Il y a enfin un danger lié à l’usage de l’identité virtuelle qui, chez certains, peut menacer l’équilibre psychologique au point parfois de troubler gravement la santé mentale. Comme dans les jeux de rôles lorsque l’on recourt à une identité virtuelle, on alimente un récit, une aventure que l’on sait être « de fiction ». Or pour certains, le profil qu’ils créent sur le net  devient une seconde nature, lequel a une existence parallèle très réelle, au sein d’un réseau de relations bien concrètes. On cite de nombreux cas de doubles vies sur le net, de divorces prononcés suite à des infidélités conjugales vécues sur le réseau. Des cas extrêmes de suicides ont été expliqués par des drames psychologiques alimentés par cette dimension fantasmée vécue en ligne. La localisation du danger est ici en soi-même et non dans le chef d’un correspondant malintentionné. Pas drôle du tout !


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