Ne cédons pas à la
panique
Suite aux attentats de New York, une mobilisation citoyenne
très louable s'est mise en place. Le réflexe démocratique
a joué, les gens ont pris la parole. "Nous
sommes en guerre" a dit G.W.Bush. Mais les citoyens
du monde entier, eux, se sont mobilisés pour rappeler
les voies de la non-violence. Et donc, les pétitions ont
commencé à circuler dans les bureaux et sur les
lieux de travail, fleurissant sur les PC en de multiples exemplaires.
Signe de santé de votre notoriété de démocrate
: le nombre d'exemplaires réceptionnés. Mon collègue
me dit : "C'est pas terrible, je ne l'ai reçu que
2 fois". Je peux me vanter de 4 provenances différentes.
Mais je connais quelqu'un qui en est déjà à
sa dixième réception. Tout cela est formidable.
Mais où est alors l'embrouille que cet article voudrait
mettre en évidence ?
Dans le tumulte des événements et la volonté
de bien faire, on a peut-être un peu trop vite cédé
au mouvement de masse. Et l'on sait que les effets de groupe
ne sont pas toujours assez réfléchis.
Première objection : les pétitions envoyées
massivement aux correspondants de votre carnet d'adresses sont
encore trop souvent administrées en "copie visible"
et non en "copie aveugle". En mettant toutes vos relations
en destinataire principal ou en "copie conforme", vous
communiquez inconsidérément les adresses de tous
à tous. Cette publicité maladroite n'est pas du
goût de tout le monde ! Attendez-vous à des remarques,
même si votre geste est fait "pour la bonne cause".
Deuxième objection : le système lui-même.
Tous les 25 noms, un exemplaire de la pétition doit être
adressé à la Maison Blanche. Mais mathématiquement,
le processus est faux. Si je suis le vingt-quatrième de
la liste et que je l'envoie à 100 personnes (en prenant
soin de mentionner mes destinataires en Blind Carbon Copy ou
Copie Conforme Incognito), ces 100 personnes sont invitées
à renvoyer le document complété de leur
nom à Washington. Mais cela fera 100 fois les 24 mêmes
premiers noms et non pas 2400 personnes signataires.
Troisième objection et de loin la plus grave :
la centralisation des renseignements personnels. Les pétitions
qui me sont parvenues mentionnaient une adresse de centralisation
: "noviolence55@hotmail.com". J'ai tenté d'identifier
qui se cachait derrière cette adresse gratuite. En fait,
le compte n'est pas activé ce qui laisse interrogateur
sur le bien-fondé de l'initiative. Mais admettons qu'il
y ait eu un internaute derrière cette adresse et que celui-ci
centralise les signatures : quelles sont alors ses intentions
? Car voici cette personne détentrice d'un fichier qui,
économiquement voire politiquement, constitue un fond
monnayable assez conséquent. Sans céder à
la paranoïa, je pense qu'il est préférable
de souscrire à d'autres outils pour se manifester.
Une connaissance à qui je formulais ces objections
m'a, depuis lors, transmis une nouvelle adresse en ligne pour
soutenir une cause du même ordre. Il s'agit d'un site spécifique
de pétitions en ligne : http://www.thePetitionSite.com/.
Un certain nombre de garanties sont mises en avant qui assurent
l'anonymat (en terme d'affichage sur le net) et le respect de
la vie privée, par non communication des renseignements
individuels des signataires [ C'est ce qui est dit, mais vous
ne savez pas le vérifier]. Une certaine prudence reste
de mise donc, mais les risques sont nettement réduits
et aucune mention de votre carnet d'adresse ne passe chez vos
correspondants à qui vous vous contentez de communiquer
l'adresse du site. Mathématiquement, le décompte
des signataires est correct. Par ailleurs, si vous n'adhérez
pas au texte de la pétition et que vous souhaitez le faire
savoir, le site propose un forum lié. Voilà un
plus indéniable qui enrichit l'échange démocratique
d'idées et que ne permettait pas le seul recours aux documents
papier. Une initiative privée est aussi accessible à
l'adresse : http://www.9-11peace.org/petition.php3?lang=fr/.
Des outils donc qui semblent plus appropriés à
notre envie bien légitime de ne pas laisser l'esprit de
vengeance menacer l'avenir de la planète.