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L'éducation aux médias est une démarche formative qui vise à apprendre aux jeunes à être un spectateur actif, un explorateur autonome et un acteur de la communication médiatique.
Cette démarche les invite également à utiliser l'image audiovisuelle comme une technologie de l'intelligence.
Concept et mise en oeuvre
C'est en 1995, que le Gouvernement de la Communauté française de
Belgique, qui a dans ses prérogatives l'enseignement obligatoire,
promulgue un décret établissant cette priorité et octroyant un cadre et
des moyens pour la mettre en oeuvre. Pour énoncer la place de
l'Education aux Médias dans l'enseignement, le texte précise trois
finalités :
- le développement de la personne,
- la construction du savoir
- et la citoyenneté responsable.
En cela, les objectifs de l'éducation aux médias vont à la rencontre
des objectifs généraux de l'enseignement, tels que formulés par le
Conseil de l'Education et de la Formation (CEF).
Le choix a été fait d'inscrire l'éducation aux médias dans la liste des compétences transversales
à atteindre tout au long de la scolarité et non de la placer dans la
grille des disciplines spécifiques qui seraient à la charge de maîtres
spéciaux, mais réservés dès lors aux seuls étudiants qui en feraient le
choix. L'idée est bien que, "quatrième langue nationale en Belgique",
l'éducation aux médias soit pratiquée par le plus grand nombre.
Pour instrumenter la pratique dans le monde scolaire, mais aussi
plus généralement dans les milieux d'éducation, un Conseil de
l'éducation aux médias (CEM[2])
a été mis sur pied, qui rassemble des représentants du monde de
l'éducation et des médias. Trois centres de ressources ont également
été reconnus. Ils oeuvrent chacun dans le réseau d'enseignement pour
lequel ils ont été désignés et collaborent à tout projet qui trouve
place dans la synergie établie en inter-réseau, notamment en ce qui
concerne l'organisation des formations des enseignants en cours de
carrière.
Le CEM a pour mission de donner des avis au Gouvernement sur toute
question relative à l’éducation aux médias, et en particulier sur :
- les priorités en matière d’éducation aux médias
- l’intégration de l’éducation aux médias dans les programmes de
formation initiale et de formation continuée à destination des
enseignants
- l’introduction de l’éducation aux médias dans les branches
obligatoires et par conséquent son intégration dans les socles de
compétences et dans les programmes d’enseignement à soumettre à
l’approbation du ministre.
Son rôle est aussi de stimuler, notamment par le biais des centres
de ressources, des actions, des recherches, des expériences
pédagogiques, susceptibles de promouvoir et d’évaluer l’éducation aux
médias et de favoriser la coopération entre les centres de ressources,
les centres de distribution, les médias et les associations concernées
par l’éducation aux médias.
Des référents
Progressivement, les acteurs de l'éducation aux médias ont établi
leurs référents et produits leurs outils. Parmi ceux-ci, il y a lieu de
noter la place spécifiques des "six thématiques ou facettes de l'éducation aux médias",
véritable grille de systématisation dans l'approche d'une question
médiatique. Celle-ci trouve son inspiration dans la grille d'analyse
établie par Lan Masterman du British Film Institute. Les six sommets de
l'hexagone qui la campe constituent six angles d'approche de toute
situation d'observation et d'analyse concernant un média.
Les six thématiques de l'Education aux Médias (d'après L. Masterman)
- Le langage est une structuration spécifique de la
communication, quand elle se fait médiatique. La presse écrite, la
radio, la télévision, internet ne "parlent" pas de la même façon et
n'usent pas des mêmes termes langagiers. Voilà qui peut s'observer
méthodiquement.
- La technologie est un paramètre qui influence fortement la
communication s'établissant entre les intervenants. Deux illustrations
empiriques : le poids des mots n'est pas le choc des photos. La couleur
l'emporte de loin, en terme de modernité, sur le noir et blanc...
faisant croire systématiquement à certains à sa supériorité sémantique.
Une approche systématique de ces aspects aide à se faire une idée plus
juste de la chose.
- Les représentations sont le coeur du message véhiculé, le
fond se détachant de la forme qui, pourtant, le structure et le porte.
Rappelant l'expression de Mac Luhan, l'éducation aux médias pose la
question de cette simultanéïté confondue entre le média et le message.
Le spécialiste attirait en effet l'attention sur le fait que, très
souvent, le média est le message. Alors qu'une dissociation réfléchie
pourrait mettre en lumière l'un et l'autre dans leur assemblage. Mais
cela demande du temps, et chez l'accompagnateur-enseignant une
formation qu'il n'a pas toujours acquise dans sa formation initiale.
- Le public est le destinataire de la communication. Quand
celle-ci se fait médiatique, elle se choisit particulièrement finement
la technologie pour faire mouche et les formes de langage que cette
dernière permet pour créer les affects. Lire un document de façon
critique, c'est aussi se demander "pour qui" il a été écrit. C'est un
questionnement de niveau deux qui n'est pas inné, mais qui s'apprend.
- Le producteur est l'émetteur du message. Sans lui, pas de
communication. Mais l'identification de celui qui s'exprime requiert
aussi parfois de se demander qui le fait parler, qui le met en projet,
qui le paie -parfois même- pour s'exécuter. La question "A qui profite
le crime ? connaît ici sa déclinaison propre :"A qui le message émis
apporte-t-il son bénéfice ?". En d'autres mots :"Pour qui parle le
locuteur, quand il s'adresse à son public-cible ?" Et il n'y a pas que
la publicité qui offre cette occasion d'analyse, même si elle est un
genre particulièrement prisé pour ce faire.
- La typologie. Parmi toutes les expressions médiatiques, la
situation analysée est un cas de figure. Elle a été choisie par
quelqu'un qui avait un message à faire entendre... Il aurait pu le
décliner par d'autres voies. Il aurait pu utiliser des variantes dans
le genre médiatique pour lequel il a opté. Ainsi, comment décrire le
choix qui a été fait de s'exprimer, par exemple dans la presse écrite
plutôt que sur Internet, en radio ou en télé. Comment apprécier qu'en
presse écrite, le choix se soit porté sur de la presse féminine, par
exemple, plutôt que de la presse gratuite, toute-boîte, grand public...
ce qui est un genre différent. Voilà bien une question qui montre
qu'une pluralité de communication était possible et que celle qui a été
retenue (à tort ou à raison) a SON explication, SA motivation... à
d'autres possibles.
Les six thématiques constituant des angles d'approche
et d'analyse d'une situation médiatique, elles ne sont toutefois pas
des passages obligés pour toute activité d'éducation aux médias. En
effet, les enseignants construisent la plupart du temps leur scénario
d'éducation AUX médias, au détour d'activités pédagogiques recourant à
l'éducation PAR les médias quand, se servant de supports médiatiques,
ils illustrent de la sorte les contenus que leurs programmes
disciplinaires les invitent à évoquer. C'est donc dans le cumul de ces
deux préoccupations que l'éducation aux médias trouve à s'exploiter, autant que faire se peut. |
Méthodologie
Deux voies d'excellence autorisent de nombreuses pistes :
- L'apprentissage d'une lecture critique de supports médiatiques existants.
C'est dans cette optique qu'une opération comme "Ouvrir mon quotidien", par exemple, permet une approche de la presse écrite dans les classes de l'enseignement obligatoire, primaire et secondaire.
- La construction de supports médiatiques.
C'est quand on passe derrière le micro ou la caméra que l'on
expérimente les choix qui s'imposent aux journalistes, aux camémans ou
aux réalisateurs. Fort de cette expérience concrète, on ne regarde plus
la télé, on n'écoute plus la radio ou on ne lit plus le journal comme avant.
Notes et références de l'article
Les Centres de ressources [modifier]
- Pour la Communauté française de Belgique :
Le Centre de formation et d'autoformation de Huy-Tihange : La Neuville 1 - B-4500 TIHANGE - HUY
- Pour l'enseignement des Villes et Province (CEPEONS) :
Le Centre audiovisuel Liège ASBL : Rue Beeckman 51 - B-4000 LIEGE
- Pour l'enseignement Libre :
Média Animation ASBL : Avenue Emmanuel Mounier 100 - B-1200 Bruxelles (Woluwé saint-Lambert)