L’enseignement en
Belgique fédérale est une matière régionalisée. Elle est donc gérée
politiquement par les niveaux de pouvoir des communautés linguistiques
présentes sur le territoire. Concrètement, en région francophone (Wallonie et
Région bruxelloise) l’Education aux médias est une compétence transversale
inscrite dans les préoccupations des enseignants de tous les niveaux de la
scolarité obligatoire. Elle ne fait toutefois pas partie d’une évaluation
finale, et certainement pas certificative, au terme de la scolarité. Sans être
un cours spécifique donc, elle fait l’objet d’activités diverses intégrées dans
le cadre des disciplines classiques, dont certaines plus que d’autres (en
langue maternelle ou en sciences humaines notamment), mentionnent explicitement
cette préoccupation dans leurs programmes. Le fait que la formation initiale
des enseignants n’abordait pas ces compétences et ce savoir-faire jusqu’il y a
peu (1995) rend l’entreprise encore modeste, la formation continuée des maîtres
introduisant progressivement les compétences et les outils pour ce faire. Les
démarches proposées sont à la fois l’apprentissage d’une lecture critique de
supports médiatiques utilisés comme outils pédagogiques (coupures de presse,
affiches, vidéogrammes, sites internet en lien avec le contenu du cours
dispensé) et la production effective de messages médiatisés ouverts sur le
monde extra-scolaire (journaux et radios d’école, vidéogramme, sites
internet…). Si l’image, le son, la radio, la télévision et l’internet offrent des
supports en lien avec la discipline enseignée, leur approche analytique se fait
en référence à une grille d’analyse désormais devenue classique : les six
dimensions de l’Education aux médias, largement inspirée de la structuration
proposée par L. Mastermann du BFI.
Elle permet le décodage des éléments : langage, technologie,
représentation, public, producteur et d’en faire une approche typologique. Des
renseignements complémentaires sont accessibles sur le site internet du
Conseil de l’éducation aux médias,
organe officiel de réflexion et d’avis réunissant les représentants du monde
politique et de l’administration, les professionnels des médias et de
l’éducation, dont notamment, les délégués des centres de ressources qui mettent
en oeuvre l’Education aux médias au quotidien, à la fois dans les écoles, mais
aussi dans les mouvements associatifs liés à l’éducation.
Le fait qu’un Conseil des médias rassemble autour de la table les
multiples partenaires concernés permet d’enclencher des opérations très dynamiques.
Il faut néanmoins avouer que leur reconduction d’année en année est toujours
fonction des mandataires politiques en place. Mais notons ces acquis :
L’opération « Ouvrir mon
quotidien » permet aux
classes terminales de l’enseignement fondamental de recevoir gratuitement deux
quotidiens par classe pendant toute l’année. Outre les activités de lecture,
c’est bien évidemment d’éducation au média de la presse écrite qu’il est
question dans les programmes de formation qui accompagnent les enseignants demandeurs.
Cette opération reconduite pour la seconde année verra peut-être une extension
à des classes de l’enseignement secondaire. Un autre projet –européen,
celui-là- « Educaunet, pour une approche éducative des risques de
l’internet avec les jeunes de 8 à 18 ans »,
a connu un retentissement dans toutes les implantations de l’enseignement
fondamental, sous le label « Cliquez
futé ».
Un kit et une formation aux enseignants ont été proposés. Une bonne moitié des
établissements secondaires a été également associée à cette
sensibilisation : une prévention par l’éducation critique plus que par la
censure. L’éducation aux médias a aussi été dynamisée, depuis 1997, par la mise
en place de plans d’équipement informatique
comme on en a connu un peu partout. Sous la pression évidente du secteur
économique, ces investissements imaginés au départ du ministère de l’équipement
ont du être enrichis d’une dimension éducative qui dépasse l’informatique à
l’école ou même la pédagogie assistée par ordinateur. A côté de ces compétences
respectables, l’éducation aux médias doit en effet se battre au quotidien pour
faire entendre sa légitimité propre. Les centres de ressources l’intégrent à
tout programme de formation des enseignants à l’usage des machines et des
logiciels, car le risque est grand qu’une fois cette première approche
instrumentale effectuée, trop peu de professeurs se soucient d’approfondir
sérieusement les compétences spécifiques de l’éducation aux médias.