J’ai
lu les conditions générales , chiche que je les accepte
C’est parfois écrit en petit, sur certains
contrats… mais ici c’est bien lisible. Encore faut-il s’être donné la peine de
lire et pas uniquement de « cocher la case pour accord ». En publiant
un « weblog », vous accepter la responsabilité d’éditeur en ligne.
Pas une mince affaire, en fait ! Alors, approfondissons la question.
Il y a quelques mois encore, quand vous vouliez publier de l’info sur le
Net, il vous fallait recourir à la
création de pages HTML. Se posait alors la question de votre formation, car la
gestion texte-image, la mise en page, les liens hypertextes et l’arborescence
de site… cela demande quelques leçons de savoir-faire. Mais depuis peu (1),
fleurissent avec grand succès les « Blogs » : la publication en
ligne par interface-formulaire interposée. La structure est prête, il vous
suffit de la « remplir » de votre contenu. Mais…car il y a un
« mais ». Cette infrastrucutre offerte est en fait prévue pour du
débat. Vous postez vos messages, mais les visiteurs peuvent réagir et vous
voilà donc à la tête d’une vitrine publique dont vous devrez assurer la
modération , sous peine d’être éventuellement poursuivi pour contenu
litigieux.
Démarrons positivement. Ne voyons pas malice où il n’y en a pas.
Accordons-nous sur le fait que vous êtes bien intentionnés et que vos propos ne
seront en rien diffamatoires à l’encontre de quiconque. Vous avez en fait envie
de partager vos états d’âmes du moment, de vous épancher sur le sens profond
des choses qui vous entourent ou font votre quotidien. Vous voulez relater la
vie de votre quartier, de votre association ou de votre mouvement. Ou les
impressions laissées par votre parcours scolaire. C’est extra. Mais pensez bien
que vos propos en appelleront d’autres, en réaction. Et de ceux-là, vous
pourrez être tenus pour responsables si vous n’opérez pas à temps la sélection.
En effet, le Blog est un site internet référencé et accessible comme les
autres. Il est une prise de position publique, laquelle bénéficie d’une
visibilité mondiale. Veillez donc à rester « citoyennement correct »,
car vous êtes responsable au même titre qu’un chef d’édition l’est de son
journal ! Et bien sûr, vous êtes soumis aux mêmes devoirs, notamment en
matière de respect des droits d’auteurs et de la vie privée des individus.
Vous avez
dit « oui »
En fait, en réservant votre blog, vous vous engagez
« à ne pas usurper l'identité de
tiers, à ne pas posterez de contenu de
nature, nuisible, menaçante, abusive, diffamatoire, haineuse, agressive,
raciste, vulgaire, dénigrante, inconvenante, injurieuse, violente, obscène,
pornographique…Vous vous engagez à ne pas harceler les autres utilisateurs, à
ne pas poster de contenu qui constitue une violation des dispositions pénales
réprimant notamment la pornographie enfantine, la pédophilie, la débauche, le
racisme, la xénophobie, la publicité pour des offres de services à caractère
sexuel, la vente de stupéfiants etc ». Vous vous êtes engagé aussi
–l’avez-vous bien lu et compris- « à
ne pas poster de contenu violant les droits de propriété intellectuelle de
tiers ». (Ndlr : Voilà bien le principal problème des
blogs !)
Vous avez enfin
reconnu votre responsabilité pour toutes les informations et données, portées à la connaissance du public par le
biais de votre site ou transmises de manière privée, par courrier électronique ou transmises de
toute autre manière.
Propriété intellectuelle
Qu’est-ce à
dire ? Tout simplement que vous devriez être l’auteur de tous les
documents que vous affichez sur votre site. Respect du droit d’auteur, respect
de la vie privée d’autrui, respect du droit à l’image… toutes ces obligations
s’imposent à vous. Et être civique, avec ça ! Pas question de diffamation,
bien sûr. Fond et forme doivent être irréprochables !
Pauvre Bloodflower
(2)… elle s’y perd un peu, face à cette législation. Elle aimerait que son
innocence et sa bonne foi suffisent. Et pourtant ! Elle est interpellée
par Renaud qui retrouve sur son Blog (à elle) des citations de sa prose (à
lui) ! Il n’est pas contre, mais il la met en garde : « D’autres pourraient te faire des ennuis, relatifs
au respect du droit d’auteur ». Bloodflower se récuse en
signalant que ces citations sont autant d’incitations à aller lire l’original
sur le Blog de l’auteur. Elle dit : « Là, je suis très en colère ... car j'essaye le plus possible d'être
honnête dans mes incitations .. jamais je ne m'approprie ce qui ne m'appartient
pas .. bien au contraire, j'essaye de pousser les gens à aller voir les
autres qui ont plein de talent ... mais là, je me sens vraiment blessée .. je
vous demande de relire le post du mois de décembre et de me donner votre avis
... et si j'ai manqué au code de la propriété intellectuelle , j'ôterai le post
incriminé ".
Concernant
l’affichage d’images, même naïveté : « Copyright
?? Si une de mes illustrations vous appartient et que vous ne souhaitez pas la
voir ici, veuillez me le faire savoir par voie de courriel, je m'empresserai de
la retirer !! » Se dédouaner ainsi est gentil, mais ne suffit
pas ! Si préjudice il y a… il est commis ! Mais le plus grave est
encore à venir : un fond sonore est encodé dans la page d’accueil.
Téléchargez l’écran et hop… vous entendrez Cesaria Evora dans un morceau
superbe, téléchargeable en MP3 dans sa totalité ! Rien de plus illégal,
relativement aux droits d’auteurs. Et Bloodflower de s’excuser : « Lorsque je mets de la musique sur mon blog,
j'en possède l'original dûment payé et je cite l'interprète .. lorsque j'incite
à visiter ailleurs je ne crois pas faire un crime de plagiat, ni de
lèse-majesté !! Mais si cela nous est interdit pas un code de propriété ( peu
explicite ) où allons nous ? Je crois que les auteurs de toutes sortes
devraient reconnaître qu'au travers de nos blogs nous ne faisons que dire ce
que nous aimons et essayons de partager nos engouements ... en fait, nous ne
faisons que de la pub gratuite à tous ces talents ! Alors où est le
crime ? »
Le « crime » est dans la transgression des lois sensées être
connues de tous citoyens et, en tout cas, connues des signataires des
conditions générales.
(1)
En fait,
le 27 mai prochain, Skynet fêtera la première année de l’offre de ce service.
Et Zoom avait déjà approché ce phénomène dans ses pages « MédiActu »
dans le numéro 28 de décembre 2003
(2)
Dans le
top 10 du blogannuaire de Skynet, cette semaine
Le droit à l’image est un aspect particulier de la législation sur le
respect de la vie privée. Selon la loi
belge, une personne photographiée possède un droit à l'image. "Ni l'auteur, ni le propriétaire d'un
portrait n'a le droit de le reproduire ou de le communiquer au public sans
l'accord de la personne représentée ou de ses ayant-droit pendant vingt ans à
partir de son décès". Le consentement du sujet est donc un impératif
préalable avant toute publication, notamment sur le Net. Pour que cette disposition
s'applique, il faut cependant que l'image fasse d'une personne son sujet
principal et qu'elle soit identifiable. Pour les photos de foule, les photos
prises de dos ou de loin, le consentement n'est donc pas requis. Pour les
personnes publiques dans l’exercice de leur profession, le droit à l’image
comporte toutefois certaines restrictions. En ce qui concerne les mineurs,
l'accord de leur parent doit être demandé même si les mineurs sont dotés de
discernement et ont atteint l'âge de raison.
Le poids du droit à l’image de l’individu, vous fera-t-il basculer, par
réaction, dans la photographie de natures mortes : les paysages, les
monuments et sites… ? Eh bien non ! Détrompez-vous. La notion d’œuvre
d’art ou de création, protégée elle aussi par le droit… d’auteur cette fois,
s’applique à toute une série de spectacles qui s’offrent à vous au quotidien,
mais que vous ne pourrez publier sans vous acquitter des sommes dues. Qu’il
s’agisse d’architecture, d’architecture paysagère ou ornementale, voire de
décoration (éclairage…)… vous devrez vous inquiéter de ce que l’espace
photographié n’est soumis à aucun droit. Et avec vigilance, car une œuvre tombée dans le domaine public peut encore
être soumise à un droit d’auteur. Le cas typique est celui de la tour
Eiffel : la période de protection pour cette œuvre est expirée, il est
donc possible de réaliser des clichés librement en journée, mais le soir
lorsqu’elle s’illumine, il convient alors de se tourner vers le créateur-éclairagiste :
dont coût 14.000 BEF, la bagatelle de 347,05 euros.